dimanche 28 novembre 2010

khol

 le lot

« Tout le monde connaît le charme de ces yeux orientaux dont l’éclat s’augmente de cette ligne noire due à l’emploi du khôl, en usage dans tout le Levant. Cette invention donne à l’œil un attrait tout particulier, je ne sais quoi de léonin et d’un peu farouche qui anime ces jolies mines douces et régulières » 
Eugène Delacroix résume ici tout le mystère du khôl, cette poudre noire qui maquille si joliment les yeux des femmes orientales leur conférant un regard à la fois lumineux et profond. 

En Inde, en Egypte, au Maroc… on utilise ce produit depuis des millénaires. Il est l´un des produits de beauté le plus ancien qui a été utilisé tant par les hommes que par les femmes à l´époque de l´Égypte pharaonienne. Au fil des siècles, le khôl a continué à être utilisé par les Arabes et les Berbères. 

La recette de cette poudre varie de l'Irak au Maroc, chaque région et chaque femme ayant sa propre recette. Elle transmettait de génération en génération et variait en fonction des pays, des régions, des familles. Eau de rose, musc, noyaux de dattes pulvérisés, clous de girofle, poudre de perle ou de corail, à chacun ses ingrédients. 
Egalement appelé kajal ou surma, le khôl est principalement constitué d’une poudre minérale composé principalement de sulfure d´antimoine (un minéral extrait des roches montagneuses). Il peut être noir ou gris selon les mélanges. 
Contenu dans une petite fiole de verre, de plomb, de cuivre, d’argent ou d’or appelée mekhal, le khôl s’appliquait les yeux clos, de l’intérieur vers l’extérieur des paupières, à l’aide d’un bâtonnet, le meroued, qui pouvait être fait de verre ou de métal ou encore de bois (bois de santal par exemple), de corne, etc.. 

Mais au-delà de son utilisation cosmétique, le khôl a aussi toujours servi à des fins quasi médicinales, pour se protéger des infections oculaires, des poussières ou du sable transportés par les vents, de la réverbération solaire. C’est pourquoi hommes, femmes et enfants en portaient. Chez les peuples du désert, les sages-femmes en mettaient aux yeux des nouveau-nés, et ce, dès leur septième jour. 

Aujourd’hui, toutes les marques de cosmétiques proposent du khôl. Mais finie la poudre d’antimoine, l’industrie de la beauté préfère les crayons, les eye-liners, les pâtes et autres fluides dont les composants n’ont plus rien à voir avec les ingrédients d’origine. 
Evidemment, les victimes de la mode y gagnent en sécurité (tests hypoallergéniques), en praticité (le khôl version actuelle peut tout à fait être résistant à l’eau) et en diversité (certaines marques proposent pas moins de trente couleurs de crayons). 

Mais pour jouer les princesses rebelles du désert rien de tel qu’une ligne d’yeux tracée au khôl !

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